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Comment devenir humoriste ?

Devenir humoriste ?

Première chose et pas des moindres, il faut avoir une prédisposition pour le sport et notamment l’aviron afin de devenir le parfait galérien, celui qui rame avec persévérance vers un idéal lointain mais accessible tout comme le loto « 100% des gagnants ont tenté leur chance ».
Une véritable et profonde vocation semble adéquate, préférable aux fameux poncifs suivants :
« Je fais marrer mes potes depuis tout petit » ou « encore j’étais déjà un pitre dans le ventre de ma mère ».
Pour percer (on se doit d’être pointu dans tous les domaines), le talent n’est pas nécessaire à voir l’ensemble du PCF (paysage comique français) mais le devient pour perdurer… normalement.
Soit !

scene humoriste


Imaginons que vous ayez du talent, encore faut-il le montrer et le prouver ; pour se faire, fraîchement débarqué, vous recherchez les occasions de confrontation avec le public qu’on appelle artistiquement la scène, qui peut être fermée ou ouverte.
Commençons par les scènes ouvertes ou « plateaux », véritables vitrines promotionnelles pour les humoristes en quête de clientèle… pour leur scènes fermées.
Vous jouez donc des extraits de votre spectacle avec le dessein de rallier du spectateur à votre univers afin qu’il assiste à votre show complet, programmé dans un café-théâtre (scène fermée) mais aussi avec le but pudiquement inavoué de tester vos sketchs en live pour voir s’ils tiennent la route, un accident est si vite arrivé, les statistiques ne pardonnent pas.
Ce type d’exercice possède l’avantage de mettre à l’épreuve la confiance (constamment remise en question) de l’humoriste ; soit il a cartonné auquel cas il a provoqué l’admiration du public et de ses collègues soit il n’a pas marché auquel cas il vous dira au choix plusieurs choses :
-je ne le sentais pas ce soir, je n’étais pas à fond alors que pourtant la dernière fois j’ai fait un carton !
-C’était pas mon public, ils n’ont pas capté mon univers !
Eh oui, il faut digérer, le succès n’est jamais garanti mais c’est tout de même un exercice payant dans le sens expérimental car ce n’est pas un plateau d’argent…

logo cebeji


Logiquement, après avoir foulé les différentes scènes ouvertes, l’humoriste peut prétendre à une programmation régulière dans un café-théâtre parce que ouais quand même !
Comme l’humour est omniprésent dans le métier, notre rigolo de service devra payer pour jouer… euh je veux dire pour faire son métier c’est-à dire louer la salle du café-théâtre qui rebaptisera pour l’occasion cette location « minimum garanti », ça passe mieux.
Et comme l’inflation immobilière se veut galopante et tendance, l’humoriste devra racler les fonds de tiroir voire trouver des tiroirs pour se promouvoir.
A ce stade, grosse pression, rentabiliser l’investissement personnel à savoir remplir pour ne pas perdre d’argent bien sûr mais aussi pour obtenir le droit de continuer, d’amorcer le bouche à oreille, qui, en passant, est sale, et ainsi de gagner les galons du succès.
Pour se faire, un seul mot d’ordre :
La promo !!!
Retour aux fonds de tiroir afin d’imprimer des flyers, qu’il aura fallu créer avec photoshop (voire Gimp) qu’il aura fallu apprendre, à moins d’avoir du personnel compétant parmi ses amis.
Puis il faut tracter, bousculer le chaland avec la petite phrase drôle incitatrice, faire du bruit, rameuter dans tous les sens et par bonheur, arpenter les rues avec des grands flyers appelés affiches.
Ensuite, le manuel du parfait communicant vous invite à publier votre site ou blog avec du style, des photos, des vidéos et tout ce qu’il faut. Devenez donc webmaster, vidéaste, attaché de presse, c’est tout de même pas la mer à boire.

N’oubliez pas cependant de peaufiner vos sketchs, d’en écrire d’autres, de les mettre en scène voire de se faire mettre en scène (aïe !) et de répéter tout ça.
Bien ! C’est fait ?
Ok, l’humoriste est enfin prêt à délivrer son drôlatique spectacle devant la foule amassée (à partir de 2). Une heure environ plus tard, que s’est-il passé ?
C’est le triomphe ! Super !
On attendra confirmation dans les critiques déposées sur les billetteries internet discount qui ont l’avantage d’offrir aux spectateurs l’opportunité de restituer leurs impressions et de les propulser au rang de « critique d’art » avec les compétences équivalentes…

Le succès ne venant jamais seul, s’en suit le vertige de la recette !
Que ce soit en entrée payante ou au chapeau, ce sont ces mêmes billetteries qui remplissent les salles avec des prix très mais alors très attractifs, le plein tarif étant réservé à la gente humoristique connue.
L’ère des média a sonné, le spectateur émancipé, féru de bande-annonces et de colonnes Maurice rétorque souvent :
– 8 euros, c’est cher, je ne peux pas me permettre, j’ai réservé la semaine prochaine pour Dubosc une place à 50 euros !

Lien vers la vidéo

Effectivement, le spectateur ne supporte pas la déception en matière d’investissement artistique, il achète ce qu’il connaît, il ne prendra pas le risque d’une l’alternative exorbitante à 5 euros.
Quoi qu’il en soit, l’humoriste riche d’avoir perdu un peu moins d’argent continue sa marche lente sur les sentiers de la gloire et à force de courage passe au niveau supérieur en décrochant des passages « télé ». A titre promotionnel encore, il signera une cession de droit à la chaîne concernée pour échange de bons procédés.
Qu’à cela ne tienne, l’humoriste continue encore et toujours et cette fois-ci obtient les fameuses dates, des cachets quoi, qui, enfin nourrissent son homme.
Si si, c’est possible !

La persévérance je vous dis, qui est, à sa manière, une façon de sélectionner dans le temps les vraies motivations (mieux vaut un gagne-pain à côté pour au moins tenir le coup jusque là).

Réjouissons-nous, la célèbre porte qui s’ouvre n’est plus très loin, avec à la clé un producteur qui soulagera l’humoriste des cents métiers adjacents pour lui permettre de se consacrer à ce qu’il chérit véritablement, la scène !

Seul un paramètre est variable : le temps !!!