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Petite digression sur le recul

En toute circonstance, il serait préférable d’avoir du recul.

Seulement voilà, comment ajuster la distance nécessaire et suffisante ?

distance recul

Si je prends un recul d’un centimètre, j’obtiens une vision légèrement augmentée mais j’ai encore le nez dedans. La bonne règle consisterait à prendre un décimètre, ce qui aussitôt conférerait un regard davantage distancié puis avec l’expérience, un double décimètre et ainsi de suite jusqu’au mètre.

Les prérogatives du maître offrent incontestablement le recul convoité. Pourtant un maître, contrairement à ce que nous pourrions penser, ce n’est pas tant que ça.

Les maîtres orientaux sont vraisemblablement des « kilomaîtres » et, de préférence verticaux, d’ailleurs, on les appelle des grands maîtres en référence au mètre ancien…

Ainsi, je suis amené à penser que les myopes n’ont aucun recul possible tant ils sont concentrés sur l’objet de leur attention. En revanche, les presbytes en manifeste un colossal mais, en ne fonctionnant que par recul, ils ne peuvent décemment pas aller de l’avant.

C’est une question complexe qui exige de prendre de la hauteur et une bonne vue.

Le 45 janvier (partie 3)

La nouvelle des « amoureux »

Dernière partie

Saint valentin nouvelle humour

Le lendemain, dans une cabine…dans une chambre de l’établissement, Paul ouvre un œil et environ trois secondes après, l’autre, le temps de se remémorer avec courage la chronologie des événements. Il laisserait bien ceux-là enfouis encore quelques heures dans son inconscient, mais non. Positionné sur le dos, légèrement relevé, l’assiette l’invite à soulever le drap pour contempler les dégâts, illustrés en la circonstance par un gros plâtre enserrant par le haut et le bas son genou meurtri par deux fois. Il se rend à la raison, qui n’est jamais très loin, toujours triomphante après coup (ou œdème) et, par défaut, accepte son sort autant que faire se peut. Il en profite alors pour détailler son environnement immédiat. C’est une chambre classique pour ce genre d’endroit, à deux lits et donc, logiquement, à deux patients. Et justement, l’autre couche n’est pas lit vide puisqu’au contraire, elle abrite la pensionnaire Aurore qu’il ne voit pourtant pas car un voile pudique ou plutôt une sorte de paravent tissé de confidentialité est tendu entre eux. Cette tension s’ajoute au paroxysme de la sienne. En face de lui, un rappel du règlement intérieur et des consignes de sécurité, parangon administratif d’une ambiance réussie. A portée de main, il peut accéder à une commande d’aide en cas de besoin pour appeler le personnel ou pour compléter l’animation festive. La séparation qui lui bouche la vue et titille sa curiosité l’interpelle, symbolisant en quelque sorte, une invitation à la transgression. Il tend son bras gauche pour vérification, et effectivement, le rideau coulisse. Il se dit que s’il peut l’atteindre à sa convenance c’est qu’il a le droit d’en disposer à son gré, c’est juste un élément occultant, pour la lumière vraisemblablement. Il n’en fallait pas plus que cela pour qu’il l’ouvre d’un coup sec. Et c’est là véritablement le choc post-traumatique, pourtant, malgré la stupéfiante et sidérante déconvenue, il en est presque heureux.

Il n’ose pas la réveiller, rien que l’idée l’épouvante.

Aussi, il attend mais il attend avec une impatience carabinée, apte à la tirer de son sommeil. Durant ce supplice, il réfléchit laborieusement à la teneur du discours qu’il sera amené à tenir à son éveil, à la plaidoirie qu’il délivrera en vertu de son possible amendement. Les muses le boudent, aucune inspiration ; l’émoi encourage préférentiellement les phrases imbéciles et les maladresses. Nécessité oblige, il s’y contraint à nouveau, compulsivement, sans résultat probant. Soudain, il stoppe brusquement sa machinerie mentale, frissonnant et stressant pour cause de bruit suspect émanant du lit pas vide. L’alerte provient en effet du tressaillement de la paupière gauche de la jeune fille.

Paul se fige, en mode pause, souffle coupé, limite infarctus ; il reprend sa respiration tant bien que mal, haletante et silencieuse à la fois, le zoom sur le visage d’Aurore pour être prêt au cas où.

Mais prêt à quoi ? Il n’en sait rien mais il est prêt tout de même.

A cet instant, elle émet un gémissement délicat et discret durant l’exercice d’haltérophilie oculaire qui consiste à ouvrir de très lourdes paupières. Elle semble calme, encore enténébrée, pas encore connectée au tangible. Une bouffée de respirations amples achève son retour à la réalité, son incarnation consommée, ponctuée par un bâillement final du plus bel effet. Une démangeaison faciale inopinée qu’elle souhaite soulager banalement et instinctivement, la renvoie à un refus sec de son bras, résistant pour immobilisation plâtrière. C’est l’ultime signal du rappel de l’imbroglio et ce, dans la confusion totale

Paul lâche, à l’acmé de sa créativité un :

– ça va ?

Aurore se tourne vers lui interrogative, sous l’emprise de l’étonnement d’abord puis d’une profonde colère ensuite. Elle ne dit mot, aucune phrase en magasin à l’exception des insultes, notamment celles des fonds de tiroir, les pires.

Il accuse le coup, œdème affectif en vue cette fois. L’atout culpabilité soit le revers de la punition, le pousse à refaire une tentative :

– Laisse-moi une chance de t’expliquer, s’il te plaît, après tu me maudiras si tu veux. Susurre t-il avec une intonation implorante sur le « s’il te plaît ». Le surfeur de vaguelettes s’en est allé, reste le prieur pénitent.

Son oraison a payé, sans doute les deniers du culte, car Aurore réagit enfin, sur un ton néanmoins intimidant :

– Essaie toujours !

– Euh… voilà… j’étais crevé quand l’heure tournait en retard rendez-vous pas de chance speed dating pris en flagrant délit course et boum, vomit-il sans retenue, d’un seul tenant comme si sa vie était comptée. Je me reprends, il respire difficilement, joue le sketch involontaire mais inénarrable de l’étouffement et de l’angoisse réunis, bon, voilà… J’étais à l’heure mais la voiture qui m’amenait a crevé, nous avons été obligés de changer la roue, résultat, je suis arrivé trop tard au Grand Café, tu n’étais plus là. Alors par dépit, je t’ai attendu quand même sans savoir qu’ils y avaient organisé une soirée « speed dating » ce qui m’a valu la visite d’une nana. J’en avais rien à ficher de cette nana moi, je lui ai expliqué l’histoire et pas de bol, c’est ce moment que tu as choisi pour zyeuter par la baie vitrée, les boules…. Donc je suis parti en courant pour te rattraper puisque tu n’as rien voulu savoir et là, l’accident bête, je suis vraiment désolé, ponctue t-il.

La narration n’est pas parfaite, il n’a pas reçu à temps la dépêche de l’AFP mais elle a le mérite d’exister malgré son contenu approximatif, maladroit, au vocabulaire pauvre et surtout dans un débit qui frise l’apnée. En revanche, elle traduit bien l’authenticité et la sincérité d’une émotion à fleur de peau qui revendique la révision des faits et la réintégration immédiate de son honneur.

– Voilà… je tenais à le dire, c’est la vérité, rajoute t-il pour combler le silence de sa réponse. Tu as le droit de m’en vouloir, de ne plus me parler, je peux comprendre mais le plus difficile à exprimer et à mon sens le plus important, c’est que…

La batterie de sa voix s’est déchargée en une fraction de seconde ou peut-être un court-circuit a coupé le son…

– Vas-y ! Dit ! c’est quoi le plus important ? Réclame Aurore, libérée de sa bouderie et apostrophée par ce mystère dont elle espère secrètement connaître l’enjeu.

La réponse se fait désirer, probablement due au délai de rechargement et au courage qu’il lui faut rassembler, parti dans des contrées inexplorées. Finalement, d’un filet quasi inaudible :

– Euh… je suis réellement désolé pour tout ça, surtout parce que… parce que… parce que… je ne pense qu’à toi… Je sais que ça fait un peu niais mais je crois que j’ai grave craqué sur toi, dans tous les sens du terme d’ailleurs, conclut-il en esquivant son regard, tout fragile, tout petit.

Aurore ne dit rien. Elle installe un climat froid sans interprétation possible auquel il s’était préparé avec une trop courte anticipation. Son blindage tout frais craquelle, laisse entrevoir des failles, notamment une mine déconfite, blafarde, diaphane telle la phase terminale d’une maladie incurable.

Un frêle toussotement brise l’omerta, forme d’introduction qu’Aurore instille pour rétablir le courant.

– Eh ? Lance t-elle.

Pas de réplique du concerné.

– T’es gonflé et pas que du genou ! En admettant que tu dises vrai, tu m’as tout de même envoyé à l’hôpital après un retard irrespectueux et inqualifiable, sans un message ni un coup de téléphone !

– Je n’avais pas ton numéro de téléphone, murmure Paul, pas fier.

– Oui, c’est ça, c’est facile ! Tu aurais pu m’écrire au moins.

– ??????, fait Paul.

– Non, je déconne, fallait que je me défoule un peu, un trop plein d’émotions sans doute. Excuse-moi.

– Je comprends mais vas-y mollo quand même.

– J’ai connu moins brutale comme Saint Valentin mais de toutes celles que j’ai connues, c’est sûrement celle qui restera gravée dans les annales de ma mémoire.

– Tu m’étonnes, en attendant elle me laisse un arrière goût désagréable dont j’ai du mal à me défaire, rajoute Paul.

– Je vais arranger ça… car quand je parle de brutalité, je ne parle pas de l’accident mais de notre rencontre… le coup de foudre, c’est brutal…

© Cébéji

partie 1, partie 2

Le 45 janvier (partie 2)

La nouvelle des « amoureux »

Seconde partie

Saint valentin nouvelle humour

Cette dernière cultive au même moment, un savant mélange de fulmination et de déception.

Comment n’ai-je pas détecté que le gars n’était pas fiable, gronde t-elle intérieurement.

Elle exécute un rapide inventaire dans le panel de ses connaissances instables à des fins statistiques, espérant y trouver des occurrences du type « Paul ». Mais non, tant pis, il n’y avait pas de signes avant-coureurs. L’auto-réprimande se déroule à son insu devant le miroir d’un commerce qui lui fait front. En tant que frondeuse justement, elle relève le défi et procède au bilan analytique de sa physionomie et de son habillement. Elle est vêtue d’un jean taille basse moulant, de chaussures bleues à virgule assorties à son pull. Qu’est-ce qui ne va pas ? se demande t-elle, persuadée d’avoir quelque chose qui cloche, quelque chose qui a provoqué la fuite du prétendant. Elle mire son postérieur, rentre t-il dans les normes « tendance » ou dans l’énorme ? Elle ne s’aime pas au présent, l’imparfait règne avec son passé décomposé. Trop grosse ou trop fine mais pas avec les bonnes courbes, les seins peu mis en valeur, un pull sans marque alors qu’il faut des marques pour laisser une empreinte. Heureusement les chaussures arborent un logo célèbre mais ce sont les modèles de l’an dernier, zut. Son image passe par le prisme déformant d’un jugement dur et dévalorisant causé par un sentiment de rejet. La délibération interne lui est fatale, elle est responsable, l’éventualité que Paul ait pu avoir un contretemps ne l’effleure même pas. Le constat subjectif et arbitraire est douloureux. Recours à la combativité, relâchement de l’abdomen crispé, reprise d’une conscience de soi subtilement augmentée.

– hé, le miroir, montre moi ce que je suis correctement, honnêtement, fais l’effort, intime Aurore à la glace froide.

Cela fonctionne en partie, la réflexion se veut plus proche d’une réalité acceptable.

– Tu vois quand tu veux, allez encore un petit effort, renchérit-elle.

Remontée graduelle de l’estime de soi qui plafonne à un timide quarante-trois pour cent.

Tant pis, c’est le meilleur résultat obtenu en la circonstance.

Elle noie son amertume par une déambulation errante dans les rues adjacentes à la Place en quête d’une source d’évasion, d’évacuation des idées noires. Les vitrines racoleuses des magasins environnants feront l’office.

Dans l’échoppe la plus proche, du type boutique « cadeaux », des placards partout, en dépit du désordre car ce sont des placards publicitaires, hymnes post-modernes au culte du jour, évidemment l’immanquable Saint Valentin. Parmi l’offre proposée pour la paix des ménages, des bijoux fantaisie à bas prix à l’image de leur esthétique, des mugs dédiés à l’Amour des personnes, animaux, objets mais aussi des sets de maquillage façon trousse à outils pour les femmes, des canifs et autres couteaux pour les hommes. Bref, la panoplie du sexisme « marketé » dans toute sa splendeur.

Aurore en ressort sans énergie encore plus contractée qu’à l’entrée.

Au Café, Paul tente son ultime chance en s’asseyant au coin d’une table de la salle principale, initiative désespérée pour rattraper le temps perdu. Une bière plus tard, une sorte de comité investit la pièce, s’affaire, dépose des tracts et un stand de réception. Paul en saisit un par curiosité; le document fait référence à une soirée speed dating spécial Saint Valentin. Le succès semble garanti au point qu’une cohorte de célibataires débarque avec la frénésie et l’espoir conjugués d’un autre meilleur voire d’un autre tout court.

Le jeune homme dissimule mal sa stupeur face à l’effervescence saugrenue et inopportune de cette meute, foncièrement inadaptée à son état émotionnel.

Une charmante demoiselle se convie à sa table et se présente conformément à la thématique de l’événement.

– Bonjour, je m’appelle Chantal, nous avons sept petites minutes pour faire connaissance, lance t-elle avec la maîtrise d’un joueur d’échec disputant une partie en blitz. Je commence puisque je parle et que je suis déjà partie en roue libre, ah ah ah ! Je m’appelle vraiment Chantal, c’est pas un pseudo, je suis infirmière donc sensible. Alors je sais, tu vas me dire que tout le monde est sensible mais moi, je suis réellement sensible car l’art « m’émouvoit » un max ! ( tout comme les conjugaisons, pense Paul, raccroché par ce verbe alors qu’il avait justement décroché). Je like tout le temps les vidéos de chats sur facebook en plus. En fait, je cherche un gars dans ton genre plutôt branchouille sans en avoir l’air mais un peu quand même, mince…ouais, j’ai pas froid aux yeux…

Pendant qu’elle continue comme si elle avait découvert le mouvement perpétuel, Paul s’est dissocié pour de bon ; ses pensées s’agglutinent obsessionnellement sur l’échec du rendez-vous initialement prévu. Il prend d’ailleurs la mesure du décalage infini entre un hypothétique échange avec Aurore et celui qu’il vit actuellement, lénifiant.

Elle termine enfin, sept minutes ont dû passer.

Paul lui répond, abasourdi mais courtois en lui narrant la raison de sa présence.

Aurore ne supporte plus le pseudo-manège du lèche-vitrine, sa bouche est sèche, elle regrette de ne pas avoir attendu davantage au Café. Prise ainsi par le remord, elle décide d’y retourner pour s’acquitter du doute. Avant même la fin de son raisonnement, ni une ni deux, ses jambes pressent le pas en direction de la Place puis du lieu de rendez-vous manqué.

Prudemment, elle rase l’enceinte du troquet, se pensant invisible, ajuste un mimétisme illusoire avant de risquer un œil fureteur par l’immense baie vitrée ; elle aperçoit au premier chef le stand accueil, ostentatoire s’il en est puis à l’aide d’un scanner rétinien dernière génération, les étals amoureux, lorsque, inéluctablement, elle tombe des nues ou plus exactement sur le clone de Paul. Elle ne veut pas y croire c’est trop bien imité. Et zut, c’est vraiment lui, le doute n’est plus à lever, réalise t-elle avec effroi, dans le dos ce qui, du reste lui glace les sangs.

Car non seulement c’est bien lui mais de surcroît, il converse avec une concurrente pour ne pas dire une rivale. Aussitôt, elle le foudroie du regard, le genre de regard d’essence tactile qui touche au but par un coup franc et massif. L’intensité en est telle que Paul fait volte-face vers l’origine de cette démangeaison oculaire. Cinq secondes suffisent pour établir une interaction visuelle déplaisante, claire, nette et sans bavure, elle, furieusement fermée et lui, interdit, incompris mais condamné.

Le quiproquo fonctionne à merveille, Aurore disparaît comme par désenchantement.

Paul s’excuse auprès de son interlocutrice tout en se hâtant de sortir, juste avant que son corps ne s’emballe frénétiquement à la poursuite de l’injustifiable. Une fois dehors, il fait une halte sur la Place pour définir ses options, soit percevoir la direction impérative à suivre, elle-même définie par le sillage de sa future ex. Il est désemparé, point d’Aurore dans son champ de vision. A tout hasard, il s’en remet à celui-ci, instaure un vide momentané, un ersatz de médiation rapide dans le but de capter ésotériquement une effluve, une quelconque trace, empreinte laissée par son élue. La foi éclot dans le désespoir quand l’athéisme s’installe dans la routine anesthésiante.

A environ très loin et demi, en amont de sa position : un dos, qui pourrait bien être le bon.

Il amorce la course, affole ses membres, il n’avait jamais exiger cette cadence auparavant ; il esquive les traînards, les badauds et autres obstacles touristiques. Il se rapproche, gagne du terrain, les yeux rivés sur son objectif dont il cherche à confirmer l’exactitude des contours. Il ne lâche rien, ne veut pas la perdre, il n’existe qu’elle. Néanmoins Il n’est pas sûr que ce soit elle. Comme la grenouille c’est l’arrêt net, il stoppe. La silhouette n’est encore qu’une esquisse, il lui faut augmenter la définition. Il effectue un court panoramique pour s’assurer qu’il n’a pas loupé le coche puis « attaque » le sprint. C’est l’occasion, cent mètres à parcourir. Il trace, fougueux, intrépide, irréfléchi. Un petit claquement retient son attention, un lacet dénoué bat le rythme du pavé. Ce n’est pas grave il poursuit avec pertinacité, à tort…

Ce fragment de laçage a l’audace de se glisser sous le pas suivant ce qui lui vaut irrémédiablement un étalage humiliant en place publique ; au passage, un de ses genoux tape, s’écorche. Galvanisé par son dessein, il se relève sans honte et repart de plus belle, après, toutefois, avoir remis le lacet, l’expérience aidant. Le record du monde du Paul’s tour avec chute est largement battu, il détale littéralement tel un survivant la mort aux trousses. Les trente derniers mètres attestent que c’est bien Aurore. Pied au plancher des vaches, il maintient sa vitesse ou plus exactement il essaie d’accélérer davantage afin de compenser la fatigue.

Cinq mètres les séparent, elle de dos, en marche et lui à fond quand tout à coup, un type surgit de nulle part mais vraisemblablement de sa droite en lui forçant la priorité. L’ABS n’est pas inclus d’origine chez Paul qui donc le télescope avec fracas. Son élan gonflé de vitesse, ajouté au choc dévie sa course folle et l’emporte droit vers Aurore, toujours de dos. Il est impuissant à contrôler cette nouvelle trajectoire, ne peut rien faire et la percute violemment. Les deux s’imbriquent dans la chute, en roulé-boulé, non pas dans l’amour mais plutôt dans l’acrobatie involontaire, la cascade improbable. Un « crac » retentit, suivi d’un second. Les gens s’attroupent autour d’eux, la cavalcade finit mal, ils gisent au sol presque inertes avant de reprendre progressivement leurs esprits.

Aurore pour commencer gémit à la découverte de son bras gauche, qui a manifestement échoué dans son rôle d’amortisseur en se brisant net. Paul exhibe, quant à lui, un double genou qu’il ne peut plus bouger tant la douleur est vive.

Le public présent à ce triste spectacle a convoqué les secours qui ne devraient plus tarder.

La demoiselle, encore choquée, ne réalise pas, ne comprend rien à ce qui se passe jusqu’à ce que ses sourcils se froncent à la découverte du responsable. Il en est contrit, affreusement coupable. Le constat est désastreux ce qui a pour effet de lui couper le verbe, le sifflet, d’entraver toute initiative.

Les pompiers débarquent de leur navire à roulettes, civières jumelles aux poings puis les embarquent à destination du navire principal local, dénommé hôpital.

© Cébéji

Le 45 janvier partie 1, partie 3