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Petite digression sur le recul

En toute circonstance, il serait préférable d’avoir du recul.

Seulement voilà, comment ajuster la distance nécessaire et suffisante ?

distance recul

Si je prends un recul d’un centimètre, j’obtiens une vision légèrement augmentée mais j’ai encore le nez dedans. La bonne règle consisterait à prendre un décimètre, ce qui aussitôt conférerait un regard davantage distancié puis avec l’expérience, un double décimètre et ainsi de suite jusqu’au mètre.

Les prérogatives du maître offrent incontestablement le recul convoité. Pourtant un maître, contrairement à ce que nous pourrions penser, ce n’est pas tant que ça.

Les maîtres orientaux sont vraisemblablement des « kilomaîtres » et, de préférence verticaux, d’ailleurs, on les appelle des grands maîtres en référence au mètre ancien…

Ainsi, je suis amené à penser que les myopes n’ont aucun recul possible tant ils sont concentrés sur l’objet de leur attention. En revanche, les presbytes en manifeste un colossal mais, en ne fonctionnant que par recul, ils ne peuvent décemment pas aller de l’avant.

C’est une question complexe qui exige de prendre de la hauteur et une bonne vue.

État de l’humour en France

Ecritique critique

scene humoriste

Étrange titre de chronique que celui-ci mais en tant que membre actif de la communauté drôlatique et auteur, je fais ce que je veux. De surcroît, l’humour n’échappe pas plus que les autres formes d’art à l’hégémonie des modes, tendances et surtout, à l’impérialisme médiatique.
Il n’est pas circonscrit à quelques genres, il est éclectique normalement (mot désuet qui décrit quelque chose qui évolue constamment comme un standard statique) ; on en dénombre d’ailleurs des styles variés comme le stand-up, le comique de situation, le visuel, l’absurde, le verbe, le décalé, le trash, l’engagé, le politique etc.

Alors qu’en est-il de sa représentativité, l’éclectisme a t-il droit de cité ?

En guise de première réponse, suivons les panneaux fléchés de la télévision, des radios, journaux et autres colonnes Morris : c’est sans appel évidemment, le connu prévaut et rien à voir avec Daniel.

Une nouvelle question s’impose :


l’humour est-il démocratique ?


Apparemment non, néanmoins tentons une réponse progressive de façon à distiller l’information en nuance, si si c’est possible.
Parcourons le web en quête d’humoristes en activité ; que trouvons-nous en terme de pourcentage ?
Stand-up 90 %
sketchs classiques 9 %
Tout le reste 1 %
Je reconnais volontiers que ce sont des statistiques personnelles rebelles à la norme iso 9002 et empreintes de mauvaise fois mais pas tant que ça, c’est plutôt proche de la vérité, que je connais par ailleurs très bien, en toute humilité.
Mais alors où sont les visuels ? Les imaginatifs décalés ? Les originaux barrés qui ont l’étoffe des grands ?
Et pourtant j’en connais, des bons, des talentueux, bref des pointures. (n’hésitez pas à me consulter si vous voulez des noms…)


A qui la faute ?

Il faut toujours un responsable, le fameux fusible, qui lui, au moins est connu.
Tentons de le débusquer…
Voilà ! Je crois que je l’ai, c’est le cercle vicieux de la rentabilité : il faut REMPLIR les salles, avec des produits.. euh… des spectateurs(trices) qui paient correctement s’il vous plaît (par correctement entendez « plein pot »). Ça coûte cher tout ça !
Le critère numéro un du spectateur Lambda (c’est son nom, celui qu’on choisit à chaque fois) ne tient pas tant dans la qualité que dans la notoriété de l’humoriste, due au matraquage médiatique qui finit par le convaincre de payer le prix. L’orchestration du « culte » et du « connu » permet de rançonner le public de façon prohibitive. J’exagère à dessein le propos, la caricature forçant le trait.
N’accablons pas le spectateur, même s’il s’agit de Lambda, qui ne fait que répondre à l’offre proposée.
Les salles de spectacle, quant à elles, se définissent par leur « jauge » qui n’est d’ailleurs pas nécessairement d’essence artistique…
Les grandes jauges consomment beaucoup et demandent un gros remplissage, assuré à son tour par des humoristes plutôt illustres. Ce sont des scènes nationales ou privées où la direction artistique (absente) est reléguée aux tourneurs, producteurs et autres festivals.
Les jauges moyennes et petites quand elles sont publiques ont davantage de latitude d’action et peuvent parfois prendre des risques, ce qu’on définit à juste titre par direction artistique ou prise de risque eu égard au seul talent de l’artiste.
Les jauges privées, qu’elles soient petites ou moyennes s’en tiennent souvent à la rentabilité (ce qui est malheureusement compréhensible) en évitant au maximum les risques voire en louant simplement les murs ce qui permet aux humoristes de payer pour travailler…
Dans les lieux publiques, les responsables culturels aussi ouverts soient-ils, dépendent donc de ces contraintes mais également de la hiérarchie, à savoir de l’agrément des élus ; il faut que ça leur plaise ou que ça les caresse dans le sens du poil. Non, je n’ai pas parlé de censure !
Au niveau purement culturel, le vœu pieu des gérants de salles de spectacle est indubitablement la proposition d’un calendrier riche de spectacles variés, d’une programmation ouverte et polymorphe.
Nous en conviendrons tous.
Nonobstant, la programmation d’un humoriste relativement connu coûte un bras au bras droit du responsable budgétaire qui, pour freiner l’hémorragie diminuera l’offre artistique.

Parfois, pour le même coût, pourraient être programmés plusieurs humoristes de talent, pas forcément moins « efficaces » voire meilleurs mais moins connus, ce qui verraient l’offre et la direction artistique valorisées, sans parler de la représentativité dont je vous rebats les oreilles depuis le début.

Pardonnez ma naïveté due sans doute à une excessive sensibilité humaine et artistique.
Au final, c’est au spectateur(trice) qu’appartient le droit de choisir, en connaissance de cause, sans parcours fléché ou balisé; l’esprit critique est plus que jamais d’actualité pour conserver un libre arbitre préservé qu’il soit culturel ou autre.

Comme je ne dis pas que des bêtises, je vous renvoie, une fois n’est pas coutume, à l’article suivant qui narre avec pertinence les aspects financiers des humoristes industriels… oups… formatés… euh… pardon que l’on fabrique.